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Un candidat vaccin contre l’onchocercose
Des chercheurs du Biopark ont mis au point un candidat vaccin contre l’onchocercose et d’autres filarioses. Il s’agit d’un multi-épitope chimérique, conçu grâce à des outils bio-informatiques.
L’onchocercose, ou « cécité des rivières », est une maladie parasitaire transmise par une mouche. Le parasite infecte l’homme et le bétail et engendre de grandes difficultés socioéconomiques dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. En effet, l’onchocercose humaine se manifeste par une cécité potentiellement définitive et/ou par de sévères lésions cutanées, qui stigmatisent les patients.
Le système immunitaire « endormi »
Le parasite sous sa forme microfilaire (larvaire) peut être détruit par des médicaments. En revanche, il n’existe pas encore de traitement quand il a atteint sa forme adulte. Il peut alors vivre entre 15 et 18 ans ! « Le parasite produit des molécules qui endorment le système immunitaire de son hôte », explique le Pr Jacob Souopgui, responsable du Laboratoire d’embryologie et biotechnologie de l’ULB au Biopark. « Mais dans les zones où l’onchocercose est endémique, environ 5 % de la population développe une immunité après avoir été en contact avec le parasite. Ce qui prouve que le système immunitaire est capable de le maitriser. » Reste à savoir comment et avec quel type de protéine…
Screenings bio-informatiques
Le Pr Souopgui et ses confrères sont partis d’un récepteur du parasite comme potentielle cible thérapeutique et de diagnostic. Dans le contexte de ce diagnostic, les épitopes ont été repérés grâce à un premier screening informatique puis validés expérimentalement et publiés dans la revue scientifique PLOS ONE. Les résultats obtenus de ce travail ont motivé l’utilisation de la même approche pour la conception du vaccin. C’est toute l’originalité de leur approche : « Dans un même antigène, certains épitopes stimulent le système immunitaire alors que d’autres l’endorment », rappelle le Pr Souopgui. « Ce qui explique pourquoi certains antigènes “entiers” échouent à immuniser le sujet. En sélectionnant uniquement les épitopes susceptibles d’induire une réponse immunitaire, nous contournons ce problème. »
Un épitope chimérique
Les chercheurs ont généré des épitopes humoraux et des épitopes cellulaires (2) pour créer un multi-épitope chimérique. « Cette protéine, à la fois humorale et cellulaire, pourrait être efficace contre l’onchocercose, mais aussi d’autres types de filarioses (3) comme la loase. » Cette découverte a fait l’objet d’une publication dans Scientific Reports.
Prochaines étapes : tester le vaccin candidat sur le sérum de personnes immunisées et le confronter aux parasites « bovins ». « Grâce à notre collaboration avec nos confrères camerounais, nous pourrions, le cas échéant, vacciner du bétail sur place », espère le Pr Souopgui. « Si l’expérience est concluante, nous pourrons alors envisager des essais cliniques. »
Notes :
(1) Un antigène est composé de plusieurs épitopes. Ces polypeptides peuvent induire une réponse immunitaire ou, au contraire, l’empêcher.
(2) Pour rappel, le système immunitaire a une composante cellulaire, qui reconnait le « non soi » de façon innée, et une composante humorale qui fabrique des anticorps spécifiques.
(3) Les filarioses sont des maladies provoquées par des parasites filaires.