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Le nucléole, un puissant biomarqueur oncologique

February 27th 2020

Candice Leblanc

Le projet de spin-off RIBOcancer (ULB, financement FIRST Spin-off de la Région wallonne) développe une nouvelle méthode de diagnostic et de pronostic des cancers. Cette méthode est basée sur l’analyse quantitative des nucléoles, témoins précieux de la santé d’une cellule.    

 

Fig. 1 : La taille, la forme et le nombre de nucléoles (l’usine à ribosomes) par cellule indiquent l’état de santé de nos cellules. Ici illustré par une comparaison entre des cellules « saines » et cancéreuses.

Dans le noyau de chaque cellule se trouvent des nucléoles. C’est là, dans ces petites « usines », que sont produits et assemblés les ribosomes qui, eux, fabriquent les protéines. « La taille, la forme et le nombre de nucléoles nous renseignent sur la bonne ou mauvaise santé cellulaire », explique le Pr Denis Lafontaine, directeur de recherche au F.R.S./FNRS, professeur à l’ULB et responsable du laboratoire de biologie moléculaire de l’ARN. « Dans une cellule cancéreuse, par exemple, les nucléoles sont généralement plus gros, plus nombreux et/ou déformés. La morphologie du nucléole est donc un excellent biomarqueur. »    

 

Un algorithme pour « scorer » les nucléoles

Facilement observables au microscope, les nucléoles sont connus depuis longtemps. Mais, faute d’outil quantitatif adapté, ils restent peu utilisés comme biomarqueurs en anatomopathologie clinique. Cela pourrait bientôt changer ! « Nous avons récemment mis au point une méthode de détection et un algorithme qui analyse très précisément la morphologie des nucléoles et, surtout calcule un “score de disruption nucléolaire” (1) », explique le Pr Lafontaine. « Cette méthode, le score iNo, a été testée avec succès sur des modèles cellulaires. Actuellement, nous travaillons à apporter la même preuve de concept sur des biopsies humaines. »

 

Détecter les anomalies plus précocement

Le score iNo pourrait s’avérer plus pertinent que les approches diagnostiques existantes. Dans les cancers du rein, par exemple. « Le grade des tumeurs rénales est déjà déterminé par la taille du nucléole, mais notre méthode est plus fine. En effet, notre logiciel ne se contente pas de mesurer les nucléoles. Il détecte des anomalies structurales très fines que le pathologiste ne peut pas voir “à l’œil nu”. Souvent, les biomarqueurs morphologiques actuels se basent sur des cellules déjà déformées par le cancer. Notre logiciel peut repérer les anomalies plus tôt, à l’échelle intracellulaire, alors que la cellule semble encore globalement normale. » Autrement dit, le score iNo serait susceptible de diagnostiquer des cancers à un stade plus précoce.      

 

Applications et perspectives

Actuellement, RIBOcancer est soutenu par la Région wallonne pour le développement « translationnel » du score iNo. C’est-à-dire amener celui-ci sur le terrain des laboratoires cliniques et des tissus humains. « Dans les mois à venir, nous devons lever des fonds importants pour renforcer l’équipe, parachever les développements technologiques et explorer toutes les potentialités commerciales de notre méthode », conclut le Pr Lafontaine. « Plusieurs pistes sont considérées : mettre au point un kit de diagnostic “prêt à l’emploi”, vendre des licences d’exploitation du logiciel d’iNo scoring, créer un laboratoire clinique de référence ou un service de Cloud pour les pathologistes, etc. » Avis aux investisseurs…  

 

Notes :

  1. Cette découverte a fait l’objet de deux publications dans la prestigieuse revue Nature et d’un brevet.