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InhaTarget : inhaler la chimiothérapie

March 26th 2020

Candice Leblanc

La nouvelle spin-off InhaTarget Therapeutics, qui vient de clôturer une levée de fonds à 5,6 millions d’euros, développe des poudres sèches à inhaler pour le traitement du cancer du poumon. Combiné aux traitements standards actuels, ce mode d’administration présenterait plusieurs avantages.           

 

Le cisplatine est l’un des agents de chimiothérapie les plus fréquemment utilisés en oncologie médicale. Actuellement, il s’administre par voie intraveineuse. Ses toxicités systémiques sont nombreuses et limitantes. Ce qui requiert d’espacer les perfusions de 2 à 3 semaines, le temps que le corps du patient les « encaisse » et soit en état de recevoir une nouvelle dose. « En cas de tumeur(s) pulmonaire(s), inhaler le cisplatine permettrait d’éviter ces effets secondaires systémiques », explique Frédéric De Coninck, CEO d’InhaTarget Therapeutics. « Reste à gérer le risque de toxicité locale et de contrôler le relargage du principe actif. C’est ce sur quoi nous travaillons. »    

 

Du cisplatine à inhaler

Créée en août 2019, la spin-off InhaTarget Therapeutics émane du Laboratoire de pharmacie et biopharmacie de l’ULB (1). InhaTarget Therapeutics développe un cisplatine (CIS) sous forme de poudre sèche à inhaler (DPI). La particularité de ce CIS-DPI ? « Le principe actif est encapsulé dans une matrice lipidique. Cet excipient permet de relarguer le cisplatine progressivement dans les bronches. Et, ainsi, d’éviter des pics de toxicité locale tout en prolongeant l’action du principe actif. »

 

Les avantages de l’inhalation 

Ce nouveau mode d’administration de chimiothérapie présente plusieurs avantages :

  1. Il évite les problèmes de toxicité systémique de la chimiothérapie intraveineuse.

  2. Il permet la délivrance de hautes concentrations locales du médicament à travers une ou deux inhalations de quelques secondes.

  3. Ce traitement pourrait se prendre à domicile, avec un dispositif semblable à ceux utilisés pour les traitements de l’asthme.    

  4. Avec un profil de toxicité limité, ces traitements pourraient être pris fréquemment par les patients. Cela pourrait s’avérer particulièrement intéressant en combinaison avec l’immunothérapie.

 

Un traitement complémentaire

Pour le moment, le CIS-DPI n’a pas vocation à se substituer aux traitements standards. Il s’agirait plutôt de les compléter. « Les patients atteints d’un cancer du poumon en stade 4 reçoivent de l’immunothérapie et/ou de la chimiothérapie par voie intraveineuse », explique Frédéric De Coninck. « Lors d’études précliniques sur des modèles murins, nous avons ajouté le CIS-DPI à ces protocoles standards. Résultat : cette combinaison de traitements induit une efficacité supérieure – en termes de survie globale et de progression tumorale. » (2)

 

Projets et perspectives

Après avoir apporté ces preuves de concept, Inhatarget Therapeutics se concentre désormais sur 3 activités avant de lancer la phase clinique (prévue début 2022) :

  1. Continuer les tests précliniques sur modèles murins afin de déterminer le meilleur schéma d’administration du CIS-DPI, en combinaison avec les traitements standards.

  2. Transférer la technologie à un partenaire industriel pour la production de lots précliniques et cliniques sous les contraintes GMP.

  3. Initier une étude règlementaire de toxicité du CIS-DPI sur modèles animaux afin de déterminer la dose maximale tolérée du produit.(3)

 

Aspects financiers

La spin-off a annoncé récemment avoir clôturé avec succès un tour de financement de Série A de 5,6 millions d'euros. Grâce à cette levée de fonds, l'entreprise peut aussi compter sur un soutien financier de la Région wallonne pour plus de 2,6 millions d'euros.

 

Notes :

  1. Le Pr Karim Amighi, chef de ce laboratoire, a cofondé InhaTarget Therapeutics.
  2. Rosière et al. in Cancers, 2019.
  3. InhaTarget cherche d’ailleurs un.e Chief Clinical and Regulatory Officer pour compléter son équipe.