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Des macrophages, des souris et des hommes…

August 29th 2019

Le Pr Stanislas Goriely vient d’obtenir un Win2Wal pour un ambitieux programme de recherche en immuno-oncologie. Au cœur de ce projet, des souris « humanisées » qui vont aider les chercheurs à mieux comprendre l’étrange comportement des macrophages dans l’environnement tumoral.


En temps normal, les macrophages jouent le rôle de sentinelles ; elles repèrent les agents pathogènes (virus, bactéries, etc.). Elles sont aussi impliquées en cas de blessure puisqu’elles activent certains mécanismes réparateurs et de cicatrisation.

Quand les macrophages nous « trahissent »

Mais en cas de cancer, les macrophages semblent « changer de camp ». « Ce sont probablement les cellules immunitaires qui interagissent le plus intimement avec les cellules tumorales », explique le Pr Stanislas Goriely, maître de recherche FNRS à l’Institut d’immunologie médicale. « Or, une présence importante de macrophages dans l’environnement tumoral est généralement associée à un moins bon pronostic. En effet, les macrophages soutiennent l’angiogenèse (1) et, donc, la croissance tumorale. Ils semblent aussi empêcher la réponse aux traitements, notamment l’immunothérapie. »
Comprendre comment et pourquoi les macrophages se comportent de cette façon est donc un important enjeu de recherche.

HumaMice, des souris humanisées

Les chercheurs ont longtemps été confrontés à une difficulté de taille : « En plus de former des populations hétérogènes, il existe des différences importantes entre les macrophages humains et murins », poursuit le Pr Goriely. « De nombreux phénomènes observables chez la souris ne sont pas transposables chez l’homme. »
Il y a quelques années, des chercheurs de l’Université de Yale (USA) ont créé des souris transgéniques. Certains de leurs gènes ont été remplacés par des gènes humains codant pour les facteurs de croissance nécessaires au développement des cellules immunes. Ces souris permettent ainsi de recréer un système immunitaire fonctionnel lorsqu’on leur implante des cellules souches humaines. Ces souris « humanisées » sont bien plus proches de la réalité clinique. Et offrent de fascinantes perspectives de recherche en immuno-oncologie.

Des HumaMice au BioPark

Grâce à une bourse Win2Wal (2), l’équipe du Pr Goriely va établir ces modèles au sein du BioPark. « En collaboration avec l’Institut De Duve de l’UCLouvain, nous allons développer des modèles tumoraux dans ces souris, recréant ainsi un micro-environnement tumoral humain. Celui-ci sera constitué de cellules tumorales et immunitaires (dont des macrophages). Objectif : étudier les interactions entre cellules tumorales et macrophages, mais aussi entre les macrophages et les autres cellules immunitaires. »

Questions de recherche et objectif final

Ce programme de recherche, baptisé « HumaMice », poursuit plusieurs objectifs, notamment :
  • Définir les différentes populations de macrophages.
  • Valider certains gènes (cibles thérapeutiques potentielles) liés à l’activité immunosuppressive.
  • Identifier et comprendre les signaux envoyés par les cellules cancéreuses aux macrophages.
Objectif final : trouver le moyen de reprogrammer correctement les macrophages. Et, donc, priver la tumeur de ces alliés de poids.

Notes :
(1) L’angiogenèse désigne la formation de petits vaisseaux sanguins dans et par la tumeur.
(2) Le projet « HumaMice » a été financé à hauteur de 1,2 million d’euros sur quatre ans.