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Des fragments d’anticorps pour la radioimmunothérapie

August 26th 2020

Candice Leblanc

Les fragments d’anticorps peuvent être d’excellents vecteurs d’isotopes radioactifs. Un consortium a récemment obtenu un financement BioWin pour démontrer la faisabilité d’une production industrielle.

« Les anticorps sont spécifiques par nature ; les fragments d’anticorps le sont au moins autant  », explique Gaetan Van Simaeys, physicien médical et chercheur au CMMI. « Ils ont aussi une haute affinité pour leur cible. Mais leurs propriétés peuvent être adaptées par construction. Ce qui en fait des vecteurs d’isotopes radioactifs polyvalents. »

 

Un bon outil « théranostique »

Les fragments d’anticorps peuvent ainsi être utilisés pour diagnostiquer ou pour traiter certains cancers. « Au niveau diagnostic, en imagerie nucléaire, les fragments sont plus performants que les anticorps entiers », poursuit le physicien. « Comme ils sont plus petits, non seulement ils atteignent plus vite la tumeur, mais ils y pénètrent mieux. Ils sont ensuite éliminés plus rapidement par l’organisme. »

En radiothérapie vectorisée, c’est l’inverse : les fragments d’anticorps doivent rester plus longtemps dans la tumeur, afin que l’agent radioactif puisse l’irradier en profondeur et sans abîmer les tissus environnants. Une approche particulièrement intéressante pour traiter les tumeurs difficilement opérables ou résistantes aux traitements conventionnels (1).

 

Le projet FAR

« Il existe déjà des fragments d’anticorps sur le marché », explique Gaetan Van Simaeys. « Plusieurs startups en produisent, mais de façon isolée. À travers le projet “Fragments of Antibodies for Radioimmunotherapy” (FAR), nous voulons démontrer qu’une chaine complète et simplifiée – de la sélection de l’anticorps à la production industrialisée des fragments – est possible. Ce qui accélérerait aussi le développement de nouveaux médicaments basés sur des fragments d’anticorps. »

Pour ce faire, le projet FAR a obtenu un financement BioWin à hauteur de 2,3 millions d’euros. Le projet devrait démarrer à la rentrée et s’étendre sur 3 ans.

 

Qui fait quoi ?

Le consortium réuni autour du projet FAR compte 4 acteurs :

  • Xpress Biologics va sélectionner et produire les fragments les plus prometteurs et y ajouter les éléments nécessaires pour arrimer les isotopes.
  • Trasis mettra au point des méthodes automatisées pour marquer les fragments d’anticorps selon le but poursuivi (diagnostic ou thérapie).
  • Le service de chimie générale et organique de l’UMons modifiera les molécules pour rendre le marquage radioactif possible
  • Pour finir, le CMMI, avec ses équipes de l’ULB et de l’UMons, évaluera la performance des fragments d’anticorps ainsi produits dans des modèles précliniques. 

 

Notes :

  1. Citons notamment les glioblastomes (tumeurs cérébrales particulièrement agressives) et les tumeurs tête et cou dont le traitement chirurgical peut être très mutilant.